Le thé vert pourrait être la clé pour réduire la résistance aux antibiotiques

Des scientifiques de l'Université de Surrey ont découvert qu'un antioxydant naturel que l'on trouve couramment dans le thé vert peut aider à éliminer les bactéries résistantes aux antibiotiques.

 

Par La Rédaction avec: Université de Surrey

 

Mise à jour le 03/10/2019 | Publié le 03/10/2019

Le thé vert pourrait être la clé pour réduire la résistance aux antibiotiques

Les bienfaits du thé vert sur la santé ont été étudiés [1] pendant de nombreuses années. Récemment, des chercheurs ont commencé à étudier la possibilité d'utiliser le thé vert en thérapie antimicrobienne et en prévention des infections.

Les propriétés particulières des catéchines présentes dans le thé semblent prometteuses pour leurs effets antimicrobiens.

Dans une étude récente, les chercheurs ont étudié les effets de synergie entre l'extrait de thé vert, l'épigallocatéchine, et un antibiotique.[2]

L'étude, publiée dans le Journal of Medical Microbiology, a révélé que l'épigallocatéchine (EGCG) peut restaurer l'activité de l'aztréonam, un antibiotique couramment utilisé pour traiter les infections causées par le pathogène bactérien Pseudomonas aeruginosa.

P. aeruginosa est associé à de graves infections des voies respiratoires et du sang et, ces dernières années, il est devenu résistant à de nombreuses grandes classes d'antibiotiques. Actuellement, une combinaison d'antibiotiques est utilisée pour lutter contre P. aeruginosa.

Cependant, ces infections deviennent de plus en plus difficiles à traiter, car on observe une augmentation de la résistance aux antibiotiques.

Pour évaluer la synergie entre l'EGCG et l'aztréonam, les chercheurs ont mené des tests in vitro afin d'analyser la manière dont ils interagissaient avec P. aeruginosa, individuellement et en combinaison. L'équipe de l'Université de Surrey a constaté que la combinaison d'aztréonam et d'EGCG était significativement plus efficace pour réduire le nombre de P. aeruginosa que l'un ou l'autre des agents seuls.

Cette activité synergique a également été confirmée in vivo en utilisant des larves de la teigne de la cire géante (Galleria mellonella), les taux de survie étant significativement plus élevés pour les larves traités avec l'association la combinaison d'aztréonam et d'EGCG que celles traitées avec l'EGCG ou l'aztréonam seul. En outre, une toxicité minime voire nulle a été observée dans les cellules cutanées humaines et chez les larves de Galleria mellonella.

Les chercheurs croient que dans les infections causées par P. aeruginosa,, l'EGCG pourrait faciliter une absorption accrue de l'aztréonam en augmentant la perméabilité de la bactérie. Un autre mécanisme potentiel est l'interférence de l'EGCG avec une voie biochimique liée à la sensibilité aux antibiotiques.

L'auteur principal, le Dr Jonathan Betts, chercheur principal à la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Surrey, a déclaré:

"La résistance aux antimicrobiens (RAM) est une menace sérieuse pour la santé publique mondiale. Sans antibiotiques efficaces, le succès des traitements médicaux sera compromis. Il est urgent de mettre au point de nouveaux antibiotiques pour lutter contre la RAM. Des produits naturels tels que l'EGCG, utilisés conjointement avec des antibiotiques actuellement homologués, pourrait être un moyen d’améliorer leur efficacité et leur durée de vie utile sur le plan clinique."

Le professeur Roberto La Ragione, chef du département de pathologie et des maladies infectieuses à la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Surrey, a déclaré:

"L'Organisation mondiale de la santé a classé Pseudomonas aeruginosa résistant aux antibiotiques comme une menace grave pour la santé humaine. Nous avons montré que nous pouvions éliminer efficacement ces menaces en utilisant des produits naturels, en association avec des antibiotiques déjà utilisés. les antibiotiques peuvent permettre leur utilisation future dans des contextes cliniques."

 

En 2017, des cas de graves lésions du foie suite à la consommation de produits naturels contenant l'extrait de thé vert, épigallocatéchine (EGCG), ont été signalés dans différents pays. Il est important de noter que les produits naturels à base de thé vert contiennent généralement des doses beaucoup plus importantes d'EGGG, qu'une infusion de thé.

Santé Canada a étudié les cas de toxicité hépatique rapportés et a publié ses conclusions:

Produits de santé naturels contenant de l’extrait de thé vert - Évaluation du risque potentiel de lésions du foie (hépatotoxique).

 

De nombreuses études établissent les bienfaits pour la santé procurés par la consommation régulière de quelques tasses d'infusion de feuilles de thé vert. Par contre, la consommation d'extraits de thé vert, sous forme de produit naturel, demande certaines précautions. Selon Santé Canada, ces produits ne conviennent pas aux moins de 18 ans et ne devraient pas être consommés par des personnes souffrant de troubles du foie.

 

Références:

[1] - The antimicrobial possibilities of green tea

[2] - Restoring the activity of the antibiotic aztreonam using the polyphenol epigallocatechin gallate (EGCG) against multidrug-resistant clinical isolates of Pseudomonas aeruginosa

 

 

Envoyez à un amiEnvoyer à un ami

 



A LIRE ÉGALEMENT